Noirs dessins, noires conséquences [Terminé]

La route est longue depuis la maison hantée pour parvenir aux Montagnes Noires. Encore plus pour ceux qui s'y rendent en faisant volontairement des détours inutiles. Pendant quelques semaines, on put apercevoir deux silhouettes sombres s'avançant toujours plus dans les montagnes, pour peu qu'on eut envie d'aller aussi loin. Les seuls habitants que les individus dérangeaient étaient les rares animaux qui s'aventuraient par ici, et rares étaient ceux qui s'effarouchaient à leur approche. N'importe qui eut put deviner l'identité des deux personnages en s'approchant un peu, qui plus est quand on sait (mais qui s'y intéresse vraiment, mis à part ceux qui ont eu la malchance de croiser la route du sorcier gris et de son ennemi?) que Magnosa Ballom et Nico Lasarkozy, qui n'étaient pas dans la ville depuis tellement longtemps, avaient disparus depuis maintenant cinq mois. C'est long, cinq mois. Chose étrange, le démon qui pourchassait Magnosa s'était également tu, après avoir tenté de s'introduire dans la haute demeure des elfes et avoir été jeté dehors aussi vite qu'il avait eu l'idée de rentrer. Comme à son habitude, il n'avait pas fait dans la délicatesse (et un elfe de moins!) mais avait quand même surestimé ses capacités. Lorsqu'il avait essayé de rentrer, il s'était retrouvé, allez savoir comment, dans les ruines de Murmures Sombres. Le phénomène reste inexpliqué à ce jour. Quoiqu'il en soit, si on s'intéressait au trajet tortueux qu'avaient empruntés les deux, le terme est probablement approprié, fauteurs de trouble, c'était le calme plat pendant cinq longs mois qui avaient vu de toute manière assez d'évènements comme cela.
Jusqu'à cette douce nuit d'hiver. La neige tombait à léger flocons, que ce soit à haute ou basse altitude, ce qui pouvait être agréable pour les mortels. La lune étincellait de toute sa splendeur, et éclairait les monts enneigés. Un fin linceul blanc recouvrait tout aux alentours et craquait légèrement sous les pas des vagabonds qui arpentaient les rues de la petite ville. Mais pour l'heure, Magnosa admirait ce beau spectacle depuis le sommet d'une des hautes montagnes qui surplombaient maisons, châteaux et ruines. Il venait tout les soirs depuis deux mois pendant quelques heures penser en contemplant la ville, à présent sous une fine couche blanche et froide. Qui pourrait croire qu'elle était la ville la plus peuplée d'inhumains et théâtre du plus d'évènements aussi surprenants que terrifiants de la région? A vrai dire, si on oubliais le fait que personne ne pouvait en sortir pour rapporter ce qu'il en avait vu, personne ne le pourrait, en voyant ce beau panorama. Nico était resté au chaud dans la caverne qu'ils avaient transformés en repère provisoire. Le sorcier avait enchanté l'entrée pour qu'elle ne laisse pas entrer le froid, allumé un feux qui pétillait joyeusement au centre de la grotte et aménagé l'intérieur pour le rendre plus... vivable. Les deux compagnons vivaient de la chasse et des provisions qu'ils parvenaient à récupérer sans trop se dévoiler, ici une pomme tombée d'un panier, là une miche de pain qui dépassait un peu trop du garde-manger d'un villageois. Ils s'étaient habitués à la vie en ermite. C'était nécessaire pour le bon déroulement de leurs plans. Le démon avait perdu leur trace, c'était évident. Ils pouvaient donc préparer le piège dans lequel ils comptaient bien mettre un terme à ses agissements une fois pour toute.
Le nain avait déniché une profonde crevasse pendant qu'il cherchait le précieux minerai pour lequel il était venu. Et il l'avait trouvé, son minerai! La crevasse en était pleine. Il allait donc en récupérer tout les jours, et s'était affairé à reforger les armes qu'ils avaient en leur possession car, disait-il, ce minerai pouvait abaisser les défenses naturelles des démons, autant dire les rendre mortels. Quand on sait que la plupart des guerriers possèdent des armes pour tuer les démons, on peut se dire que c'est totalement inutile, mais ce qui intéressaient alors le courtaud et son acolyte était d'abaisser des barrières de démons plus puissants que la normale qui pouvaient devenir invulnérable aux armes les plus ravageuses, à commencer par Osobscur. Les démons qui avaient cette capacité n'étaient pas nombreux heureusement, et on n'en croisait pas tout les jours, mais lorsqu'on en avait un en face, ce pouvait avoir de regrettables conséquences.
"-Dans quelques années, les armes forgées dans ce métal seront vendues partout, et on pourra enfin dire adieux à ces maudits combats impossibles qu'il faut toujours éviter."avait dit le petit guerrier.
Et en effet, cela pourrait faciliter grandement la vie aux chasseurs de démons et être un atout de taille dans le combat contre le mal. Quant au piège qu'ils préparaient avec ardeur depuis leur disparition, il ne s'arrêtait pas à cette arme. Magnosa avait capturé un démon et, avant de l'abattre, avait rempli une fiole de son sang. Quand le moment serait venu, il verserait le précieux liquide dans une petite gourde d'eau bénite qu'il laisserait au milieu de la crevasse. La corruption devrait attirer Osobscur et, lorsqu'il se montrerait, Magnosa lancerait son sort de bouclier le plus puissant afin de l'enfermer... avec lui-même et son ami dans la crevasse pour le combat final. Nico avait catégoriquement refusé de laisser son compagnon affronter son ennemi seul.
Ce qui inquiétait Magnosa, c'est le fait que d'autres démons pourraient être attirés, et dans ce cas là le combat tournerait à leur désavantage. Il espérait qu'Osobscur avait gardé ses anciennes habitudes et chasserait quiconque tenterait de le suivre. Il verrait bien, à ses risques et périls, à ce moment là.
Justement, le moment approchait. Mais une voix intérieur disait au sorcier "Pas maintenant" et ce dernier faisait confiance à son instinct. Cependant, tant qu'il ne serait pas temps, il devrait trouver quoi faire. Le moment était venu de reparaitre au grand jour sans pour autant attirer l'attention sur lui-même. Pour commencer, ces mois de dur labeur l'avaient exténués. Il décida de descendre en ville et d'aller à la taverne.
"-N'oublie pas de me ramener une bière! Je n'ai pas eu l'occasion de goûter à celle qui se vend ici, et ça fait longtemps que je n'en ai pas bu.lui lança le nain quand il partit.
Magnosa sortit de l'abri et descendit de la chaine de montagne. Cela lui prit quatre heures. Il prit une longue inspiration et se lança à pas légers vers la ville et l'alcool.

Magnosa se trouvait plus loin de la ville qu'il ne le pensait. La tempête de neige qui s'était levée approximativement lorsqu'il avait quitté son refuge lui avait probablement fait perdre l'orientation et passer plusieurs fois au même endroit. Malgré cela, au bout de 4 longues heures de marche il s'était approché de sa destination. Cependant, et cela le surprit, une lueur pâle se voyait à quelques mètres, pour autant qu'il puisse le deviner. Mirage? Mais la voix qui se fit entendre chassa cette pensée de son esprit.
"-Maître Gibald?"
Un peu surpris, il s'approcha sans trop presser le pas. Il y avait bien quelqu'un, mais la vie avait quitté le corps qu'il percevait devant lui depuis longtemps s'il ne s'abusait pas. Cependant aucune menace ne lui parvenait. L'homme s'arrêta lorsqu'il put enfin voir à qui il avait affaire. C'était le fantôme d'une jeune femme qui paraissait avoir une vingtaine d'année, toute de blanc vêtue. La lumière de la Lune se reflétait sur elle, ce qui avait produit la lueur qu'il avait aperçu quelques instants plus tôt. Elle était enveloppée dans ses ailes et était visiblement gelée. La non-vie ne la préservait pas du froid. De la neige la recouvrait partiellement, le sorcier en conclut qu'elle ne devait pas être arrivée ici fructueusement. Il prit la parole :
"-Pardonnez-moi, gente dame, vous faites erreur. Je ne suis point ce maître Gibald. Je me prénomme Magnosa, et ma situation est loin de me laisser prétendre être un maître. Je suis un simple mage errant, pour le moment. Mais vous, qui êtes vous? Et, par la Lumière, que vous est-il arrivé? Vous être frigorifiée..."
Ce nouveau contact avec une habitante de Murmures Sombres le laissait songeur. Pendant des mois il avait disparu. L'avait-on oublié? Ou dans le cas contraire, quel souvenir gardait-on de lui? Était-il mort aux yeux de tous, ou peut être ne l'avait-on pas remarqué. Cette dernière possibilité l'aurait arrangé en un sens. Il était la cause de l'arrivée d'une des puissances les plus destructrices que la région peut connaitre. Inutile de s'en vanter. Tant que ses erreurs ne seraient pas réparées, l'anonymat était peut être une bonne solution. Mais, savait-il vraiment ce qui était bon? La vie en ermite l'avait changé. Peut être devrait-il s'ouvrir aux autres plutôt que de chercher à régler cette triste histoire seul. Il pensa à son repère, caché dans les montagnes. Son interlocutrice pourrait s'y réchauffer, et le nain aurait probablement des histoires à raconter pour oublier un moment le monde extérieur et ses contraintes, en attendant que la tempête se calme. Mais, en même temps, ils n'étaient pas loin de la ville. Il serait peut être préférable de la raccompagner et ainsi elle ne risquerait pas d'affronter une nouvelle intempérie. Le retour au monde réel était, décidément, difficile.

(Je vois que tu as dû lire ma présentation, mais mon perso n'est plus une dame blanche, elle a changé d'état et est de nouveau matérielle ^^')

Lorsque l'homme s'approcha de l'ange, elle vit son visage un peu mieux. S'il s'agissait de maître Gibald, il était bien rajeunit. Peut-être était-ce l'une de ses formes d'incarnation. Mais quand il lui dit:

-Pardonnez-moi, gente dame, vous faites erreur. Je ne suis point ce maître Gibald.

Ces mots suffirent à à la ramener à la réalité, ce n'était pas celui qui lui avait appris tout ce qu'elle savait jusqu'à présent. Il se présenta et lui demanda de se présenter à son tour avant de lui demander comment elle s'était retrouvée dans cet état.

Veuillez m'excuser, je vous prenais pour quelqu'un d'autre. Mon père adoptif disparut depuis presque autant que moi plus précisément. Je me prénomme Céladar. Mon histoire est si longue et si compliquée que je ne puis vous la faire partager dans son intégralité dans un tel moment, mais pour résumer j'ai été en quelque sorte assassinée il y a un peu plus de 700 ans dans une forteresse voisine et ai été enterrée dans cette ville que j'ai hanté sous la forme de dame blanche pendant quelque temps avant de trouver l'objet de ma quête et de me métamorphoser sous forme d'ange.


Elle baissa les yeux et regarda ses mains: leur lueur était faible, elle ne s'était pas auto-régénérée, elle leva la tête et vit ensuite le sapin dépourvu de neige:

Je traversais les montagnes en volant lorsque le vent m'a projeté contre cet arbre, c'est à partir de là que j'ai dû perdre connaissance. J'ai beau maîtriser l'art de la guérison, mes pouvoirs ne fonctionnent pas sur moi-même puisque leur efficacité nécessite que je me porte à merveille.

Elle se tourna de nouveau vers son interlocuteur. Sa façon de parler, plus proche de sa propre façon que de celle des habitants nés plus récemment lui laissa penser que Magnosa pouvait lui aussi être décédé. Elle demanda:

Ne viendriez-vous pas d'une époque lointaine vous aussi ?

(Ah zut moi qui pensait bien faire x] enfin je n'ai pas lu tout tes sujets même si j'essaye de lire un maximum de ceux avec qui je poste. Enfin bon la gaffe est faite =D Tiens d'ailleurs faut que je relise la mienne aussi je ne me rappel plus de l'histoire de mon perso :])

Le sorcier écouta les paroles de l'ange. Quelle coïncidence, ainsi elle venait de la même époque que lui et avait elle aussi été tuée, quoique les circonstances différaient. La question vint alors :
"-Ne viendriez-vous pas d'une époque lointaine vous aussi?"
Le sorcier eut un sourire. Les évènements qui eurent lieu il y a de ça 700 ans remontèrent du fin fond de sa mémoire et passèrent rapidement devant ses yeux. Il dit enfin :
"-En effet... Pour être plus précis, de la même époque que vous. En ce temps là, je chassais un démon qui avait détruit mon village. Cependant, lorsque je parvint enfin à le coincer et tentai de l'éradiquer une bonne fois pour toute, il s'est logé en moi, et nous avons semés la destruction dans les petits villages , contre mon gré, pendant presque 15 ans. Nous avons ensuite été tué, mais notre présence n'a pas plu aux morts et nous avons été rejetés du royaume de la Mort. Il y a quelques mois, alors que j'étais à l'église, il s'est échappé, et je ne sais pas ce qu'il est devenu. Mais je dois le détruire une fois pour toute avant qu'il recommence à semer le chaos. Je me suis installé dans une petite grotte avec un maître nain qui m'a rejoint il y a peu, plus profondément dans les monts. Souhaiteriez-vous y venir? Ou préférez-vous peut être revenir à la ville? Pour ma part je me rend à la taverne. Il y a de cela trop longtemps que je ne me suis pas arrêté devant une bonne choppe de bière.
Le sorcier avait parlé bien plus qu'à l'accoutumée. Mais il ne pensait pas que rester muet était une solution. Autant parler de choses qui peuvent avoir un intérêt. La tempête battait toujours, et Magnosa songeait qu'ils devraient s'abriter rapidement s'ils ne voulaient pas mourir de froid. Quelque part, au loin, bien plus loin que des yeux même elfiques n'eut put voir, quelque chose remua. Il le sentit au fond de lui. Aussi sûr qu'il se doutait que son ennemi avait sentit qu'il agissait de nouveau, l'homme sentit que le démon, caché auparavant, s'éveillait à nouveau. Le moment qu'il attendait s'approchait peut être plus vite qu'il ne l'eut imaginé.

(Sur la kyrielle de posts que j'ai fait, il n'y a que ces deux qui sont vraiment parlant pour mon histoire: l'auto-biographie de Céladar et l'explication de l'organisation de la condamnation par la démone qui l'a faite tuée mais de toute façon je reprend la majorité des élèment là):

Un meurtre dû à un démon ? Voila qui était très étrange: plus magnosa et Céladar parlaient plus la coïncidence s'élargissait:

Voilà qui nous donne des points communs supplémentaire. C'est une de mes cousines assoiffé de richesse et de pouvoir qui m'a assassinée. Elle ne m'a pas tuée directement mais s'est arrangée pour me faire condamner à mort en m'accusant d'un crime qu'elle avait elle-même commis, ceci pour obtenir à la fois le titre de noblesse de celui qu'elle a fait tuer avant moi, et une petite fortune qui m'était destinée mais dont j'ignorais l'existence. Mon cas étant particulier: je ne suis pas allée au royaume des mort car j'avais un profil trop vertueux et avait une chance de me réincarner en ange. Le seul élément qui m'en a empêché et m'a condamnée à me contenter d'un état fantomatique durant 7 siècles est le fait d'avoir dit sous l'emprise de la torture que j'étais une sorcière: cet acte de lâcheté m'ayant fait obtenir la "faveur" si l'on peut dire ça, de mourir plus vite. Pour venger ma mort ce maître Gibald a maudite cette personne, révélant ainsi sa nature de démon et l'a longtemps emprisonnée dans ce cristal: cet acte de vengeance étant suffisant pour le faire passer dans l'au-delà après sa mort au lieu d'obtenir le même statut que celui que j'ai actuellement ou le statut de fantôme, car il n'avait plus rien d'inachevé. Nous avons donc en commun un meurtre et un démon.

En se souvenant qu'il lui avait dit qu'il était un mage, elle ajouta:

De mon vivant j'étais également un mage, mon domaine étant la guérison. Je ne sais pas si ce domaine est le votre également mais voila qui ne peux que nous rapprocher dans notre comparaison.

Elle en vînt à sourire de ses malheurs et ajoutant:

Mes parents sont morts prématurément: l'année de ma naissance pour l'un, et celle de mes quatre ans pour l'autre. Il ne manquerait plus que vous ayez été orphelin également pour que l'analogie soit parfaite.

(Edit: J'ai oublié l'invitation, mais j'essaierais de rebondir dessus à mon prochain post ^^')

Que d'étranges coïncidences... Démons, morts, magie, tout cela était bien analogue.
"-L'analogie est bien parfaite... Je suis le seul survivant de l'attaque que mon village subit il y a si longtemps maintenant. Mes parents sont morts dans les flammes, comme tout les autres villageois. Pour ce qu'il en est de la magie, je ne connait que les bases de la guérison, le nécessaire en tout cas pour survivre à des blessures pouvant être graves sans en être trop gêné. Je me suis plus spécialisé dans la maitrise des éléments, ce qui en soit est une force, mais a aussi su être une faiblesse par le passé. C'est pour cela que j'ai également appris à manier les lames, de toute façon je ne m'en sortais absolument pas avec les autres types d'armes. Et...
Il se tut soudain. Un détail lui revint en mémoire.
"-Fais-moi voir ta main." Le sorcier s'exécute. Les fantômes des deux fillettes reculent, comme si elles avaient peur d'un être vivant! "-Elle ne t'appartient plus entièrement..."
Le froid mordant interrompit sa rêverie. Sa main gauche, toute noire, comme de charbon, et la marque jaune au centre, il avait tellement eu de choses à faire qu'il en avait totalement oublié l'existence. Il n'avais pas besoin d'ôter son bandage pour savoir que la corruption s'était répandue sur tout son avant-bras, comme une infection rentre par une extrémité et se propage progressivement dans le corps. Une infection... Ce mot retint l'attention du sorcier, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Il se promit d'y repenser dés qu'il serait rentré. Pour le moment, il avait des choses plus importantes à faire. Mais l'inquiétude prit le dessus. Les spectres lui avaient dit qu'il pouvait toucher aussi bien les morts que les vivants. Qu'est ce que cela signifiait en réalité? Il n'y tint plus. Abandonnant subitement le sujet de leur conversation, il demanda :
"-Vous m'avez dit que votre domaine était la guérison... Sauriez-vous, par hasard, si certaines maladies d'origines démoniaques peuvent se contracter après un contact prolongé avec l'un d'eux?
La question pouvait certes surprendre. Mais l'homme ne pouvait se permettre de combattre deux ennemis à la fois, d'autant plus si l'un d'eux se révélait être lui-même. Il attendit la réponse, tendu.

L'homme acquiesça. Inutile de courir le risque de mourir gelé. Il prit les devants et repartit dans la direction d'où il était venu. Il vit de nombreuses empruntes de pas. Manifestement, il n'avait presque fait que tourner en rond depuis son départ. La route fut relativement courte comparée à celle qu'il avait fait dans le sens inverse. Le vent commençait de souffler légèrement, et quelques petits flocons de neige venaient se poser délicatement sur leurs vêtements.
"-Ce cher maître nain pourra paraître un peu... hautain, mais il a un grand coeur.
Sur cette petite mise en garde, il pénétra dans un petit renfoncement qui se trouvait être l'entrée de la grotte. Le nain se leva à l'approche d'intrus, mais il se rasséréna quand il reconnut son ami.
"-Tu as fait vite. Et tu ne m'avais pas prévenu que tu ramènerais quelqu'un.
-Je n'ai pas eu le temps de descendre en ville. La tempête qui s'est levée m'a fait tourner pendant des heures à quelques centaines de mètres à peine d'ici. Quant à notre invitée, elle a eu elle aussi quelques désagréments avec la neige. Céladar, voici Niko, un de mes plus fidèle compagnon et surtout un grand ami."
Le nain esquissa une forme de courbette, comme l'exigeais l'usage, puis il reprit :
"-En tout cas, il est bon que tu sois revenu. Il y a eu, comme qui dirait, un petit problème. Une partie de la grotte s'est effondrée, et certaines de nos affaires sont de l'autre coté des blocs, à moins qu'elles ne soient en-dessous... Le livre que tu as récupéré au manoir et la fiole de sang de démon en font partie.
Le sorcier blêmit. Il n'avait presque pas touché au livre, mais il savait que ce qu'il renfermait pouvait se révéler très utile. Quant à la fiole, il ne pouvait se permettre de la perdre. Il avait assez d'un seul démon à tuer, sans qu'un éboulement l'oblige à engager le combat avec d'autres de ces créatures malfaisantes. La situation était pour le moins agaçante. Le sorcier se tourna vers son hôte :
"-Désolé, mais je crois que ce sera moins reposant que je ne l'eut cru..."
Il s'élança vers le fond de la grotte et disparut du champ de vision des deux autres. Il ne fallut pas longtemps pour que l'homme se retrouve en face des pierres qui obstruaient le passage. Beaucoup de pierres étaient tombées, et Magnosa craignait que ce ne soit tout le fond de la grotte qui ait cédé. Pour le moment il devait trouver un moyen de dégager le chemin. Mais comment faire?

Magnosa considéra un moment ces propos. Il était vrai que le sang de démon aurait eu de graves conséquences s'il s'était éparpillé. Mais pour le livre...
"-Le volume avait été écrit à la main. Je doute qu'un autre exemplaire existe, ou alors il sera introuvable tant que nous ne pourrons pas sortir de la ville. C'était... Acchhh!
Le sorcier tomba a la renverse. Il s'était appuyé contre le mur qu'avait créé l'éboulement, et la pierre contre laquelle il s'était adossé avait basculé. Ce premier évènement inattendu fut suivit d'un deuxième encore plus surprenant : la piere, non contente d'avoir bougé et ainsi fait tomber le sorcier, avait fait un demi-tour complet, enfermant ainsi l'homme de l'autre coté. Le choc passé, il se releva et poussa la pierre de toutes ses forces. Rien à faire, elle ne voulait plus bouger d'un pouce. Il entendait qu'on l'appelait de l'autre coté de la roche.
"-Tout va bien, je suis là!" cria-t-il pour que sa voix passe à travers les rochers, "Mais à présent il va falloir reconsidérer nos plans... Attendez...
Il s'adossa à nouveau contre la pierre. Elle ne bougeait toujours pas. Il réfléchit rapidement, car le temps lui était compté. Lorsque la pierre avait tourné, de l'air était passé dans la cavité rocheuse, mais à moins qu'il ne trouvât très vite le moyen de sortir, les réserves d'oxygènes s'épuiseraient et il mourrait d'asphyxie.
"-Après la glace, l'air... Je suis maudit aujourd'hui..." marmonna l'infortuné mage.
Il fit apparaitre une petite lumière tremblotante au-dessus de lui, afin d'y voir plus clair. Quelque chose brilla dans l'obscurité. S'agissait-il de... Oui, c'était bien le flacon de sang démoniaque. Et non loin, l'ouvrage auquel il tenait tant était ouvert, recouvert de poussière. Lorsqu'il le prit, le titre de la page l'arrêta. La gangrène démoniaque. Intrigué, il en lut plus long.
De toutes les maladies contractables au contact d'un démon, la gangrène est sans aucun doute la plus dangeureuse de toutes. Lorsque le germe rentre dans l'organisme, il peut y rester des années, muet et indétectable. Mais il suffit d'un évènement un temps soit peu magique pour qu'il se réactive. La partie où dormait la maladie noirci et se veine de jaune. Chez les êtres ayant une forte disposition pour la magie, on peut même y voir des signes se tracer. La gangrène draine lentement mais surement les énergies positives du corps attaqué, renforçant au passage le démon géniteur, et une fois le malade entièrement consumé, il rejoint le monde des ombres, et devient une créature sans âme, errant et cherchant à se nourrir des vivants pour survivre.
Lors de la contamination, elle réveille aussi ce que l'on pourrait appeler une "autre facette de la personnalité", en somme les pulsions de violences et de haines prennent la forme d'un presqu'esprit qui tentera d'influencer son hôte. Aucun danger pour les personnes dotées d'une volonté inflexible, mais terriblement efficace sur les esprits un peu plus vulnérables. Le malade devient ainsi en quelque sorte l'esclave de sa haine.
Les parties du corps noircies (ou corrompues) acquièrent la faculté de pouvoir toucher vivants et non-vivants, cependant quiconque sera en contact avec sera à son tour atteint de la maladie. Les fantômes redoutent particulièrement ce mal rare et ancien, car dans le cas où la gangrène atteint un fantôme, ce dernier brûle petit à petit pendant des jours, jusqu'à disparaitre complètement, cependant son esprit continuera à brûler pour l'éternité.
Le seul remède connu à ce jour est l'éradication pure et simple du démon géniteur, après cela seules les parties profondément atteintes resteront noires et ceux pour l'éternité, mais elles ne seront plus virulentes et n'auront plus de prises sur les spectres.
Magnosa fut terrifié. Voilà donc ce dont il était atteint. La gangrène... Tout les symptômes correspondaient. Il devenait urgent qu'il tuât Osobscur, sinon il pourrait être le point de départ d'une véritable épidémie. Et son ennemi s'en verrait renforcé... Il déglutit et cria :
"-Nous devons trouver un moyen de me sortir d'ici! L'air risque de manquer! Essayez de passer de l'autre coté pour voir s'il n'y a pas quelque ouverture. Pour ma part, je vais essayer de creuser.
Il espérait qu'ils l'avaient entendus. Et qu'il sauraient le libérer à temps...

Niko et Céladar se précipitèrent vers l'extérieur. Alors que le nain commençait à faire le tour de la grotte, un tronc d'arbre visiblement pas très lourd mais robuste retînt l'attention de l'ange. Elle se pencha et commença à soulever l'un des côtés. Intrigué, le nain demanda:

Mais que faites-vous donc ? Le temps presse !

Justement, répondit Céladar. Je crois que nous pourrions essayer de nous servir de cet arbre comme bélier pour tenter de retourner la pierre. Ainsi, en nous tenant à distance, si elle venait à pivoter comme elle l'a fait avec magnosa nous ne nous retrouverions pas prisonnier puisque nous serions à distance, et en le laissant tomber il bloquerait le passage.

Il n'en fallut pas davantage pour convaincre Niko qui laissa tomber ses recherche et souleva l'autre bout de l'arbre. La tâche fut alors assez difficile pour Céladar qui ne devait pas trop lever son côté à cause de la taille du second porteur. Une fois dans la grotte avec l'arbre, l'ange cria:

Reculez Magnosa, nous allons tenter de forcer la pierre.

Après quoi les deux créatures se jetèrent en avant. Céladar passa à travers la pierre mais eut le réflexe de lâcher le tronc, ce qui fit perdre l'équilibre à Niko qui lâcha à son tour. Comme prévu, lorsque la pierre se retourna, elle fut bloquée par le tronc, ce qui laissait un espace latéral suffisant pour permettre à un être humain de s'enfuir.

L'obscurité laissa place à la lumière. Un tronc d'arbre fit pivoter la pierre traîtresse et, en tombant, la bloqua, permettant ainsi à Magnosa de s'échapper - et de respirer! En effet, la cavité avait assez rapidement manqué d'air, et le sorcier commençait de se sentir mal. Après avoir repris son souffle, il s'empara de tout les objets qui avaient étés bloqués - miraculeusement intactes - et sortit de sa prison. Le nain et l'ange l'attendaient de l'autre coté du mur. Il eut un faible sourire et s'assit rapidement.
"-Ça va?
-Ça aurait put être pire," dit le sorcier avec un autre léger sourire, "j'ai pu récupérer toutes nos affaires quoi qu'il en soit. Je pense que la montagne ne veut plus de nous. Je dirais que nous avons encore une semaine avant qu'elle se referme sur nous."
Il fit une pause, puis il reprit :
"-Niko, nous devons commencer à rassembler nos affaires. Tu commencera par ranger le petit atelier que tu t'étais fait. Je devais descendre en ville, alors j'y descendrais, mais je ne serais pas long, je serais bientôt de retour pour t'aider.Céladar, je crains de devoir vous raccompagner à Murmures Sombres sans plus attendre."
Il n'attendit pas qu'on lui réponde et sortit du repère. La neige continuait de tomber à légers flocons et se posait tout doucement sur le sol. Magnosa haïssait la neige quand elle tombait de la sorte, sans savoir pourquoi. Ça lui évoquait... la mort... Allez savoir pourquoi. Il chassa cette idée de son esprit. Ses agissements ne plaisaient pas, et c'est un peu normal, vu la tournure que prendront les choses prochainement. L'homme devait passer à l'action rapidement, sans quoi il n'aurait bientôt plus aucun endroit où aller pour préparer ce qui aurait dut être fait il y a presque 700 ans.

Magnosa s'arrêta brusquement. Le nom du dernier mage le frappa comme un coup de tonnerre. Les souvenirs rejaillirent en lui, des souvenirs qu'il avait oublié dans toutes ses traques. La petite colline sur laquelle il allait rêvasser lorsque ses parents étaient encore vivants. Les chamailleries avec son frère, qui avait un penchant pour les choses sombres. Puis un jour, le grand brasier. Les flammes ravagent tout sur leur passage. Sa mère qui appelle son père en hurlant. Regäj... Il disait toujours de l'appeler par ce diminutif, car son nom d'origine lui posait beaucoup de problèmes. Regäj'Dneznälg, Magnosa avait vu ce nom sur un parchemin lorsqu'il avait huit ans. Puis le silence. La grande ombre qui s'approche. Où était-il, alors? Sur la colline. Avec son père, avant que ce dernier ne lui dise de se cacher et de l'attendre, et que s'il ne revenait pas, ce serait à lui de finir sa tâche. Terrifié, il avait quand même mis le nez hors de sa cachette. Son père avait rejeté le manteau gris qui le dissimulait et était vêtu de blanc en-dessous. L'ombre luttait contre lui, les flammes noires contre la lumière. Cependant l'ombre était bien trop forte, et Regäj bien trop las. La grande flamme le prit. Magnosa s'enfuit alors. Le sorcier portera toujours des vêtements gris et blancs en son honneur. Il jura intérieurement de venger sa famille. Il n'avait cependant plus jamais entendu parler de son frère. S'il n'était pas mort dans l'incendie, la vieillesse avait du le prendre. Quoiqu'il en soit, il avait revu son père au manoir hanté. C'était peut être ça qu'il avait voulu lui dire quand il avait prononcé cette mystérieuse sentence "Tu n'es pas seul".
Il était conscient que Céladar l'observait. Il s'expliqua :
"- En réalité, je connais bien l'un de ces mages. Précisément celui que vous ne connaissez pas. Son nom étrange l'ennuyait souvent, mais il disait que néanmoins ce ne servait pas simplement a ennuyer ceux qui voulaient le nommer. Quoiqu'il en soit, il eut deux fils. Je ne me rappel plus du nom de mon frère, seulement qu'il adorait explorer la noirceur des choses. Oui, je suis le dernier de sa lignée. Enfin c'est ce que je croyais. Mais manifestement, je me suis trompé. C'était un grand homme. Il avait toujours caché au plus profond de lui ses dons, mais il disait qu'un jour nous lui ressemblerions. Mon frère n'a pas eut cette chance, il est mort quand le démon est venu. Seul mon père a essayé de le retenir. Il s'est battu avec honneur contre la grande ombre, qui était à l'époque d'une puissance incomparable à celle qu'il a aujourd'hui. Osobscur, c'est son nom. C'est celui que j'ai combattu comme mon père. C'est celui qui m'a habité durant des centaines d'années, dans la vie et la mort. C'est lui que j'ai libéré dans la ville. Aujourd'hui sa puissance n'est plus. Les grands jours enflammés sont passés. Durant ces jours, il osa même défier les dieux et leur donna du fil à retordre. Mais depuis cela, il va décroissant, aujourd'hui il n'est plus l'adversaire qu'il était autre fois, tant mieux d'ailleurs. Mais je ne pourrais aller en paix, tant que ce Fléau, ennemi de toute vie, ne sera pas anéanti. Je ne peux courir le risque qu'il retrouve sa splendeur d'autrefois."
Finalement il se tût. Le puzzle s'était assemblé. Ils savaient maintenant tout deux à qui ils avaient affaire. Ils savaient maintenant tout deux que le sang les reliait. Quelle surprise.
"-Je suis le cousin de votre père adoptif, donc. Mais vu les effets que ma mort ont eu sur moi, je pourrais aussi bien être votre frère. Quelles étranges...
Il ne finit pas sa phrase. Il n'avait aucun besoin de parler. La situation s'expliquait d'elle-même. Les coïncidences parlaient toutes seules. Pour la première fois depuis qu'il avait quitté définitivement la petite colline qui surplombait son village natal, Magnosa voyait parfaitement clair.

Magnosa avait écouté les explications de Céladar, impatient d'en savoir plus sur sa famille. Au nom d'Ark'sana, il pâlit. Voyant que ce n'était pas passé inaperçu, il s'expliqua :
"-Ceci est certes surprenant mais... Je crains qu'il risque d'y avoir un léger problème... J'ai déjà rencontré Ark'sana, malheureusement ce n'était pas dans de bonnes circonstances... J'étais encore sous l'emprise du démon, et j'ai tué son compagnon de route contre mon gré. Je ne sais pas si les retrouvailles seront amicales...
Il essaya de sourire, mais il ne réussit qu'à faire une grimace qui traduisait bien son état d'esprit actuel. Ce ne pouvait bien se passer forcément. Rien ne se passait bien de toute manière. Il s'en voulait encore plus de ne pas avoir put contenir le démon. Mais après tout, qu'aurait-il put faire? Cette nuit là, la Lune étincellait de tout ses feux. Il n'avait aucune prise sur lui quand elle était pleine. A présent qu'il disposait pleinement d'un corps, Osobscur ne devait plus être affecté par la Lune. De toute manière cela n'aurait rien changé. Les retrouvailles risqueraient d'être plus compliquées qu'elles n'auraient put l'être.
Il continuèrent à marcher un moment sans un mot. Aucun signe n'indiquait si une tempête approchait de nouveau ou si le temps ne changerait pas avant quelques jours. Les montagnes étaient calmes. Terriblement calmes. Désespérément calmes... La neige tombait avec la même douceur que lorsqu'ils étaient partis, ce qui énervait réellement le sorcier. Il n'arrivait pas à supporter ce fin linceul blanc qui recouvrait paisiblement les alentours. Au moins, lorsque le vent soufflait, tout était en mouvement. Il ne régnait pas ce maudit silence... de mort. L'homme se demandait pourquoi cette neige, pourtant si agréable au commun des mortels, le révulsait ainsi. Il se demanda si ce n'était pas un avertissement, ou quelque chose de la sorte.
Le linceul blanc est désespérément calme. La neige tombe doucement sur sa peau. Mais rien ne sera jamais plus comme avant. Jamais plus.

L'homme ne répondit pas à la dernière sentence. Après tout, il n'avait aucune idée de ce qui allait se passer. Peut être lui pardonnerait-elle. Peut être pas. Il ne pouvait s'avancer là-dessus. Quoiqu'il en soit, un autre problème se dressait maintenant à ses yeux : il était évident qu'Ark'sana ne laisserait de toute manière le meurtrier de son tigre impuni. Mais il n'avait pas peur pour lui, il avait peur que cette fois, le démon ne l'épargne pas. Le fait qu'ils étaient de la même famille le rendait sensible à cela, cependant il estimait aussi que c'était à lui de tuer ce monstre, et à personne d'autre, fut-ce la personne la plus puissante au monde. Il était possible que ce soit de l'orgueil personnelle, mais si orgueil il y avait, ce n'était pas la seule raison. Il savait depuis toujours que ce serait lui qui éteindrait la flamme de la grande ombre à jamais. Il devait en être ainsi.
Les montagnes étaient moins hautes depuis un moment. Ils n'étaient plus très loin de Murmures Sombres. Magnosa voyait au loin se dessiner les maisons, cabanes et ruines qui se côtoyaient sur tous les quartiers des villageois. Il devinait, assez loin pour ses yeux d'humains, mais non pour des yeux d'elfes, le manoir hanté. Les fantômes attendraient certainement sa venue lorsque son ennemi sera décédé. L'homme se rappela le chemin de la taverne. Le goût de la bière lui revint en mémoire. "Pas maintenant" se dit-il.
"-Sommes-nous éloignés du palais? Je ne voudrais pas paraître hâtif, mais une fois que j'en aurais terminé là-bas, et que je serais passé à la taverne, je devrais préparer ma dernière rencontre avec Osobscur. Je pense que le temps approche où je verrais son visage flamboyant une fois encore. Ceci dit, je développerais mes dires une fois que nous serons à destination. Les paroles s'envolent, et le vent les porte où bon lui semble...
Oui le temps approchait. C'était tôt. Plus tôt que ce qu'il n'aurait cru. Le temps commençait cruellement à lui manquer, en vérité. Son piège était près, mais lui non. Il avait besoin de temps pour se préparer psychologiquement à ce qu'il allait faire. Le sorcier allait essayer de détruire une des menaces les plus dévastatrices que la terre ait connue depuis sa jeunesse. Personne n'en saurait jamais rien, s'il était vainqueur. Peut être était-ce mieux ainsi. Peut être le monde n'avait-il besoin de savoir à quoi il échappait. Malgré le fait que l'ombre enflammée avait perdu de sa puissance, il existait toujours un risque pour qu'elle retrouve sa splendeur d'autre fois. Si Magnosa échouait, son adversaire récupèrerait probablement une partie de sa grandeur, et peu de personnes seraient capables de l'arrêter. Si il échouait, la ville sombrerait probablement dans le chaos. Puis, lorsqu'il aura trouvé le moyen de passer la barrière invisible qui entoure la ville, ce serait les villes environnantes, et lorsque les grands de ce monde s'en rendront compte, il sera probablement déjà trop tard pour enrayer sa progression.
Une fois encore, le mage chassa cette idée de son esprit. Et soudain, ça explosa. Une douleur extrême. Sur son bras gauche. Il retint un cri, mais ne put masquer entièrement la grimace que la sensation lui procura. Il espéra que Céladar n'avait rien remarqué. C'était comme si on lui arrachait le bras. Il jeta un discrètement un regard sur la cause de sa douleur. L'inquiétude le prit. Son avant-bras tout entier prenait progressivement une teinte noire, veinée d'un rouge flamboyant. Contre la gangrène aussi, il manquait de temps. Son corps passait progressivement sous le contrôle de ses plus noirs instincts.
Hehe, ne m'oubli pas, je suis toujours là...
"Cela faisait longtemps", pensa Magnosa. La voix qui dénonçait ses plus vils instincts ne s'était pas manifestée depuis des mois. Heureusement d'ailleurs, car il aurait peut être fini par lui répondre, et il aurait probablement été prit pour fou. Peu de personnes saines d'esprit parlent seules. Entendre une voix muette aux oreilles des autres pouvait être problématique. Il espérait qu'elle ne venait pas le hanter à nouveau. En vérité, il espérait beaucoup de choses. Mais il ne pouvait pas tellement changer toutes ces choses... Pourvu que son manège dû à sa maladie était resté inaperçu.

Céladar, qui n'avait rien remarqué répondit:

[Non, nous ne sommes plus qu'a cinq kilomètres./b]

Elle regarda le ciel: il s'était considérablement éclaircit et il ne neigeait que faiblement. L'ange secoua ses ailes et les déploya.

[b]La tempête s'est calmée temporairement, nous devrions profiter des cette occasion pour gagner du temps et ne pas risquer de nous retrouver de nouveau au milieu du blizzard.

Céladar fit un bond et s'envola deux à vingt mètre au-dessus de Magnosa puis, après s'être assurée que le vent lui était favorable et qu'elle était bien plus stable qu'avant l'incident suite auquel il l'avait rencontrée, elle s'approcha de lui et lui tendit la main:

Nous devrions arriver au palais d'ici deux minutes en coupant à travers la voie aérienne.

(Fini pour moi normalement, dès que tu aura posté, nous laisserons ark'sana ouvrir le sujet à trois au palais )

La fatigue prit le mage. Il avait fait plus en quelques heures que pendant les trois semaines précédentes. La voie aérienne? Soit. Il n'avait de toute façon plus la volonté de marcher. Chaque mouvements lui coûtaient désormais autant que s'il eut dut faire un effort surhumain. C'était étrange, en vérité. Il n'était pas homme à se laisser gagner si facilement par la lassitude. Lorsqu'il était encore hors de Murmures Sombres et qu'il traquait les démons, il lui arrivait de devoir courir une semaine sans s'arrêter pour dormir, et de ne manger qu'une maigre miche de pain suivit d'une gorgée d'eau, avant de reprendre sa course folle de plus belle. Ce qui lui avait d'ailleurs valu une partie de sa renommée de chasseur de démon, n'étant visible que lorsqu'il avait finit d'oeuvrer. Au temps où il y avait assez d'êtres maléfiques pour que les "employeurs" (ceux qui payaient les chasseurs pour chaque démons abattus) s'arrachent les services de cette catégorie de guerrier, il était l'un des premiers recherchés. Les civils l'avaient par ailleurs nommés et renommés d'innombrables fois, que ce soit l'Empaleur de Démons, le Chasseur Gris, le Corbeau Blanc (il n'avait jamais compris d'où venait celui-ci, l'allusion à un corbeau blanc restait obscure) ou simplement "l'Homme de la situation" comme les employeurs, satisfaits de ses prestations, le se plaisaient à l'appeler lorsqu'ils le recommandaient à quelqu'un d'autre. Evidemment, Magnosa s'était gardé de révéler son vrai nom. La publicité de ce genre n'était pas bonne, dans le temps.
Mais après tout, ce temps était révolu. Presque tout les chasseurs de son époque s'étaient éteints. Et lui avait regagné l'anonymat, après la période de gloire. Ce n'était pas si mal en vérité. Plus besoin de se cacher pour boire un coup à la taverne. Plus personne n'était là pour lui sauter au cou avec un contrat juteux pour les novices, mais terriblement lassant pour quelqu'un qui, comme lui, a fait ça toute sa vie. Oui, l'absence de travail l'arrangeait. Les contrats de ce genre se faisaient rares. Il se rappela d'ailleurs que c'est à cause d'une de ces fichus traques qu'il était ici. Celui qui l'avait accosté devait probablement penser qu'il était mort. Le sorcier le remercia néanmoins intérieurement. Grâce à lui, il pouvait s'occuper d'affaires personnelles sans interruption. Quoiqu'il en soit, l'époque où il devait courir sans cesse était terminée. A présent, il était simplement gelé. Céladar lui tendit sa main. Il la saisit vigoureusement, malgré sa fatigue.

(C'était soit ça soit une ligne xD)