Le Manoir des Passions [terminé]

Demetrius, je ne souhaite pas en parler, tu comprends tout dans mes silences, tu connais toutes ces choses qui me traversent l'esprit, ne me demande pas de caresser de ces paroles douloureuses mes lèvres...

Elesie baissa le regard au sol, elle posa le verre de sang, ne souhaitant plus s'abreuver, de toutes manières elle n'aimait que le sang chaud de son amant, aussitôt qu'elle posa son verre elle fuait les regards de son amour. La présence de Demetrius la maintenait en ve, mais parfois elle prenait douleur à sentir son regard, un peu comme appolon et cette belle nymphes dont il avait aimé le charme à cause d'un sort...

Demetrius posa lui aussi son verre et se leva. Il alla s'accroupir à côté du fauteuil d'Elesie et lui dit.

Elesie....Ce que je veux que tu comprennes, c'est que je n'en peux plus de traverser ce cycle irrégulier avec toi. Nous passons de moments idylliques à moments tragiques en un temps record à chaque fois. Et je veux que cela cesse, je veux un équilibre, trésor, et je suis sûr que toi aussi. Si nous en finissions une bonne fois pour toutes avec ces fantômes qui nous hantent, nous pourrions ne nous concentrer que sur nous deux. Si nous les fuyons sans arrêt, quand pourrons nous profiter pleinement de nos deux personnes ?

Demetrius posa sa main sur celle d'Elesie.

Nous avons déjà beaucoup traversé pour être ensemble Elesie, je sais, nous avons déjà beaucoup souffert aussi. N'aimerais tu pas que tout cela s'arrête, affronter une ultime fois cette souffrance et être enfin libre ensuite ? Les olympiens ont beau être ce qu'ils sont, je n'accepterais pas ces travaux, Elesie. Non pas que je sois lâche ou que je ne sois pas prêt à faire cela pour toi mais je ne suis pas un Thésée, ni un Hercule. Je ne veux pas être déifié, j'ai déjà assez de responsabilités comme ça dans l'Erèbe et tout cela va créer des tensions, je n'aimerais pas être à l'origine d'un clash des royaumes de l'outre monde si tu vois de quoi je veux parler. Le fait que nous nous aimions n'est qu'un prétexte pour alimenter une discorde d'envergure colossale car les olympiens veulent avoir le monopole des croyances, tout comme l'Erèbe, le Paradis ainsi que les autres dimensions abritant des dieux païens.

Cette pensée était venue à Demetrius sur l'instant. En fait, Lucifer n'était pas idiot et impulsif au point de succomber à l'envie de déclarer la guerre à Hadès car il savait qu'il y perdrait beaucoup, voilà pourquoi il avait réitéré ses sentences au Sabbat. En tous cas, l'incube ne voulait plus être un pion, il avait l'impression que lui et Elesie étaient les pièces maîtresses du jeu et que d'eux dépendait le dénouement. Il se releva et prit son verre qu'il observa tout en continuant de parler.

J'appartiens à l'Erèbe et tu appartiens à l'Olympe Elesie. Nous ne devons pas essayer d'infiltrer le domaine de l'un ou de l'autre, c'est ce que tous attendent, j'en suis convaincue maintenant. Pour les olympiens, c'est une inespérée providence que tu ais séduit un haut dignitaire de l'Erèbe comme moi, ils ne pouvaient pas espérer mieux pour s'offrir un boulevard en Enfer.

L'incube reposa son verre et fit quelques pas, il parlait tout autant pour lui que pour Elesie.

Je t'aime de tout mon être Elesie mais je ne peux ainsi mettre l'Erèbe sur la sellette. Je comprends à présent la colère de Lucifer et même celle d'Asmodeus, elle était censée. Il faudra trouver un autre moyen pour me faire "accepter" des dieux, tous ne peuvent pas être aussi cupides, il doit bien en avoir qui t'aiment sincèrement et qui sont disposés à nous aider.

Tout en disant cela, Demetrius se rendait compte qu'il pouvait sembler blessant et même apocalyptique. Il s'en rendait compte maintenant. Il se retourna en direction d'Elesie.

Je ne voulais pas que tu fasses ces travaux, je n'ai pas besoin d'un hercule, si tu crois que je suis une clé pour les olypiens si tu pense que j'ai de la chance d'avoir accéder à ton coeur, et que je ne sers vraiment qu'à ca, je ne sais pas quoi te répondre. Tu as une vision très étrange, bien que je la partage, peut être n'avons nous rien à faire ensemble, je devrai renoncer à mon immortaliter pour pouvoir mourir de ton absence. Ainsi le problème serait résolu, je serai un passage de ces épisodes, je ne souhaite pas la guerre des olympiens et habitants de l'érébe, permets moi de douter sur mon rôle. Je suis déjà un problème errant là haut, et beaucoup souhaitent m'arracher de tes mains... Peut être devrais-je me soumettre à mon destin, faire à mon tour des décendants, mais ils seraient bien trop puissant, je ne peux maintenant offrir que mon départ.
Ma seule faiblesse est contenue dans mon coeur, elle est déstructible, et je dois vivre avec, laissons la mourir...

Elesie lança un dernier regard en direction de son amant, se releva, s'approcha avec lenteur de la fenêtre, prête à réellement exécuter cette solution, à mettre fin à ce cerle infernal.

Je n'ai rien de mieu à dire, mon amour pour toi est bien trop puissant, je me suis prise dans un engrenage douloureux, et il n'y a que très peu de choses à faire pour palier à celui ci. Aussitôt j'épprouverai le vide de ton amour, je tomberai pour morte, ce n'est pas une si mauvaise chose mon amour... Laissons enfin le danger olympien mourir et rendre aux deux camps un point de départ. Je suis vraiment navrée pour nous. Si l'on ne s'était pas rencontré par hasard dans ce labyrinthe, si... jamais il n'y aurait eu autant de problème, je serais partie avec ce vampire, m'abreuver de sang et de passion. Je ne peux plus boire maintenant d'autre amour que le tien, et je ne pourrais y survivre. Mon immortalité ne tient qu'à un fil, qu'à un homme. Ta perte menerit à la mienne, l'inverse n'existe pas...

Demetrius approcha d'Elesie.

Ne recommence pas je t'en prie. Bien sûr que l'inverse est vrai. Elesie, crois moi, si tu n'étais qu'un simple béguin, je n'aurais pas tenu tête à Lucifer lui-même, je n'aurais pas risqué ma non-vie. Mon amour pour toi est tout aussi dévorant que celui que tu me voues. Mais il faut croire que ce sont toujours les amours les plus forts qui se révèlent impossible.

L'incube attrapa la déesse par le bras.

Je ne regrette rien de tout ce que nous avons vécu Elesie. Tu m'as montré qu'il m'était encore possible d'aimer. Je ne veux pas que tu renonces à tes pouvoirs de déesse pour mes beaux yeux même si je suis en mesure de t'offrir une autre immortalité...

Une autre immortalité...Une idée venait de naître dans l'esprit de Demetrius. Siérine, elle devait avoir la solution...Il était possible d'échanger de géniteurs, il en était certain, il l'avait lu. Pourquoi n'y avoir pas songé plus tôt. Si Elesie devenait un simple vampire en renonçant à sa divinité, il pourrait la rendre simple mortelle et devenir son nouveau géniteur...Mais comment tout ceci serait accueilli par les olympiens ? L'Erèbe ne s'en porterait que mieux, il est certain, mais les dieux...Demetrius ne savait pour ainsi dire plus quoi faire. Il se contentait de retenir Elesie tout en réfléchissant.

Je ne doute pas mon ange... J'essaye de régler le problème du certaine façon, comprends bien que le jour où la flamme dans ton cœur va faiblir j'en perdrai toute mon âme, laisse moi avoir peur de perdre un jour le seul être pour qui je n'ai éprouvé autant d'amour, tu es tout, et je pourrai faire tous les sacrifices possibles pour toi, comme tu l'avais fait dans le grenier de la taverne, tu es... je ne saurais te dire...

Elesie recula encore, elle essayait d'y voir plus clair, mais plus Demetrius était près d'elle plus son esprit se brouillait dans le plaisir, le désir et l'amour, cruel, elle aurait pu achever cette conversation par un baiser mais elle n'en fit rien , elle continua à s'écarter peu à peu de lui.

As-tu une idée quelconque ?

Demetrius releva son regard de cristal vers Elesie.

J'ai une idée oui...Mais cela va engendrer beaucoup de choses et te faire courir aussi beaucoup de risques...Le vrai problème reste en fait ton géniteur...Mais si nous faisions en sorte qu'il ne le soit plus et que je le remplace, tout serait réglé. Pour cela, il suffit de t'ôter ta seconde nature vampirique. Ceci demande un travail monumental et je ne sais plus exactement comment procéder mais Siérine, la génitrice de Nadesia, saura sans doute comment faire, elle...Je ne vois plus que cette alternative mais j'ai peur que cela déplaise fortement aux olympiens s'ils te réservaient au vampire qui t'a faite.

Demetrius lâcha Elesie et fit quelques pas dans la pièce, il se rendait compte que depuis un moment, il se tournait souvent vers Siérine. Il ne savait même pas si elle accepterait de lui venir en aide après l'épisode de la fuite d'Ezechiel. Mais même si parfois, l'incube redoutait ses sermons, il savait qu'il pourrait toujours compter sur le lien éternel qui s'était établit entre eux deux. Elle l'avait aidé pour son épanouissement dans le monde de la nuit, elle était un peu comme une mère et une soeur bien qu'ils ne se ressemblent pas du tout au niveau du comportement.

Elesie pris le temps de réfléchir à ce que venait d'annoncer Demetrius, elle voyait bien ce qu'il voulait faire mais savait pertinemment que son géniteur ne le pardonnerait surement jamais. Elle s'adossa au mur, le regard suivant la position de sa tête, ils se plongeait dans le noir profond et impénétrable de ses montagnes, celles ci étaient constamment entrain de s'éloigner, d'autres se rapprocha plus délicatement, elle se demandait qu'elle alternative il y aurait pour eux. Elle se mit soudain à penser à un grand lac, une forêt, une maison un peu délabrée faisait son chemin parmi ces arbres, tous étaient là depuis longtemps, mais on ne voyait aucune souffrance sur leurs tronc, leur écorce était aussi belle qu'une jeune pousse, elle se mit à voir une femme, était ce Siérine? Elesie découvrait peu à peu ses pouvoirs, elle lisait dans la mémoire de Demetrius et trouvait des réponses, elle ne cherchait pas à les voir, elles s'offrait à elle, comme on tend la main à une personne sans défense. Elle brisa ce silence devenant glacial et ajouta très brievement, de peur de ne regretter plus tard son choix.

Oui, je suis d'accord.

Pour une fois, Elesie semblait sûre d'elle dans sa réponse. Demetrius décida donc de ne pas épiloguer. Il passa son long manteau de cuir noir et attrapa la main d'Elesie.

Il vaudrait mieux ne pas tarder...Plus vite nous aurons réglé ce problème, plus vite nous serons en paix. Sans compter que Siérine sera sans doute difficile à persuader...

Demetrius commença à avancer et ils sortirent du manoir. Le soleil...Masqué par les nuages mais présent et son corps qui n'en ressentait plus les effets...Il prit Elesie dans ses bras et déploya ses majestueuses ailes d'apôtre. Il s'envola pour Elianthe, sa promise accrochée à son cou, prêt à tout pour la garder.

(suite dans l'Archipel de Minuit)[i]

» Tumulte au Manoir [terminé]
» Arrivée dans un manoir, une nouvelle demeure [Terminé]
» La migration enfin terminé (terminé)
» Une ville obscur(terminé)
» [terminé]