Calme lagon [terminé]

Le temps de Céladar était compté, dans 10 heures elle rediviendrait dame blanche. Elle tenait à profiter plainement de sa forme matéielle. Après avoir repéré un coin tranquille, elle entra doucement dans l'eau après s'être assurée qu'elle avait pied. Elle était toujours habillée, mais peu importait, elle ne pouvait se dévêtir au risque d'être surprise. L'eau était bonne, et la mer calme. Nager était très agréble, malgrès le fait que sa robe lui collait à la peau, mais ça la gênait nullement en sachant que bientôt elle ne la sentirait plus. Soudain, elle se trouva nez à nez avec une tête hideuse, un monstre marin ! Ne sachant que faire, elle resta pétrifiée d'effroi, elle était déjà morte, mais n'aurait-elle pas à souffrir et ne retrouverait-elle pas reconstituée d'hectoplame ? Elle ne bougeait pas, ne criait pas, et restait juste les yeux grands ouverts face au croc de la bête. Pour la première fois depuis 7 siècle elle redécouvrit un sentiment: la peur.

Alors que la bête se rappochait dangereusement, Céladar fût soulever par quelque chose et tirée de l'eau. Elle était maintenant à deux mètres au-dessus de la surface et voyait la gueule béante toujours essayer de l'attrapper. Elle tourna la tête pour voir son sauveur...qui n'était nul autre que Demetrius. Il la prit dans ses bras comme il faut. Elle s'accrocha à son cou. Il se posa lentement sur un rocher plat des environs, défit sa cape et la passa sur le dos de Céladar.

Il fait plutôt froid ce soir...Vous feriez mieux de retirer vos vêtements mouillés. Alors, être de nouveau mortelle doit être une épreuve, vous vous en sortez ?

Demetrius lui fit un clin d'oeil.

Ce coup-ci Céladar l'avait vraiment échappée belle, un peu plus et elle y passait. Ils étaient maintenant hors de sa portée, elle lui jeta un regard comme pour le narguer, puis se tourna vers l'incube.

Demetrius ? On dirait que je vous dois la vie une seconde fois... enfin si je puis dire...

Elle s'enveloppa dans la cape, l'air était plutôt frais. Le spectre sourit à Demetrius:

Disons que mis à part le fait que je me suis prise plusieurs fois des mur en pleine figure en essayant de les traverser, que j'ai tenter de passer à travers un feu de cheminée, et que j'ai faillit être dévorée par un monstre marin, tout va bien. Mon étourderie me fait oublier de temps en temps que je suis matérielle.

Elle quitta son chaperon trempé et l'essora.

Demetrius arbora un sourire discret.

Il est certain que cela doit vous changer de votre existence de revenant. Après avoir essuyer tant de péripéties, dites moi, préférez vous en fin de compte être un fantôme ou aimeriez vous rester telle que vous êtes actuellement ?

Le déchu s'était assis sur un rocher, il contemplait la douce Céladar, très attirante avec ses cheveux mouillés et son frêle corps à moitié nu sous la cape mais Demetrius préféra ne pas y penser...

La réponse était difficile, être vivante n'était pas simple, mais être morte était très ennuyeux.

Je n'en sais rien, une fois habitué à cette forme ça devrait aller, mais être morte est peut-être plus simple grâce à mon pouvoir de guérisson. Je suis très partagée.

Même si elle vivait de nouveau, elle ne le serait sans doute qu'une poignée de décénnies. Elle quitta ensuite sa robe, et étendit ses affaires au soleil. Elles sêcheraient sûrement dans quelques minutes.

Ma mort prématurée ma permise de rester sur terre sous forme de revenant dans le but d'achever ce que je n'ai pas pu entreprendre de mon vivant jusqu'à trouver mon repos éternel. Mais j'ignore les conséquences que revivre pour de bon pourraient avoir ultérieurement sur mon sort.

Je comprends votre réserve, mais qu'est-ce qu'un revenant peut vraiment accomplir, sans vouloir vous offenser ? Vous ne pouvez rien tenir dans vos mains, vous avez oublié ce qu'était la sensation d'une caresse, vous avez oublié la chaleur du feu et la fraîcheur du vent, vous avez oublié le contact de l'eau et tellement d'autres sentiments et sensations...Dans ses conditions, pensez-vous vraiment que vous pourrez accomplir ce que vous n'avez pu faire de votre vivant ?

(Hé ! Des messages ont étés effacés !)

Elle sourit à Demetrius:

Vous avez sans doute raison sur ce point.

Elle étendit sa robe près de son chaperon. il ne faudrait certainement qu'un petit quart d'heure pour que le tout sêche car le soleil avait réchauffé les pierres toutes la journée.

Demetrius s'approcha de la jeune femme et l'étreignit, il la prit dans ses bras et s'assit sur un rocher, Céladar était assise sur ses cuisses. Demetrius lui tenait le dos pour qu'elle ne soit pas déséquilibrée, il remit le pan de la cape sur le ventre découvert de la jeune femme et avec sa main libre, appuya doucement la tête de Céladar contre son torse.

Céladar se laissa faire, cette sensation lui semblait à la fois étrange mais pas désagréable. Sa prudence la poussa tout de même à la méfiance, elle se rappella que Demetrius était un incube. Il était certe très beau, mais le spectre n'ignorait pas quels pouvaient être les talents de séducteur de ce genre de créature et jusqu'où ces êtres pouvaient mener les jeunes femmes trop naïves. Légèrement gênée, elle chercha un sujet de conversation:

Sans vouloir paraître indiscrète, pouvez-vous me dire si vous avez un but que vous cherchez à atteindre ici, à Murmure Sombre ?

J'erre sans but...Pour l'instant, je n'en ai qu'un seul...Je veux que ma Nadesia se réveille...

Demetrius se tut, une larme coula sur sa joue, il semblait s'être écoulé des mois depuis que Nadesia était dans le coma. Il libéra Céladar et mit sa tête dans ses mains, puis il essuya sa joue et se redressa.

Pardonnez moi.

L'incube baissa le regard, il se rendait à présent compte de sa faiblesse, il avait peut-être eu tort de transformer en vampire une femme qu'il aimait tant, à chaque fois que son nom était mentionné, il avait désormais envie de pleurer. Si Nadesia mourrait...Il ne survivrait pas...Si elle mourrait, Carmilla ne survivrait pas...Si elle mourrait, Siérine ne survivrait pas...Tous s'éteindraient avec elle. Demetrius voulait s'enlever ces idées noires de l'esprit mais il n'y avait rien à faire, Nadesia était omniprésente.

Elle posa sa main sur l'épaule de Demetrius en signe de soutient:

Qu'est-il arrivé à cette femme ?

Les pouvoirs de guérison de Céladar pourrait peut-être intervenir.

Est-elle blessée ? Malade ? Ensocellée ? Ou a-t-elle été mise en contact avec un élèment nocif à son espèce ?

On lui a tendu un piège...Vraisemblablement un magicien élémental, il l'a enfermée dans un cercle de flammes, j'ai pu la sauver avant qu'elle n'entre en combustion mais elle a frôlé de peu l'expiration. Nadesia est un vampire...et comme vous le savez sans doute, le feu est sans doute la meilleure arme contre eux. Des connaissances sont partis à la recherche de l'ordure qui a osé lui faire cela, moi, je reste près d'elle à attendre qu'elle se réveille...C'est la première fois que je quitte le manoir depuis deux semaines, j'ai entendu votre détresse. Mais à présent, il va falloir que je retourne auprès de ma bien-aimée.

Demetrius se leva.

Céladar sentait au fond d'elle qu'elle avait une dette envers Demetrius qui venait de lui sauver la vie... ou presque... pour la deuxième fois.

Dans ce cas, m'autorisez-vous à vous accompagner ? Bien sûr, je ne compte pas venir en tant que spectatrice, je compte bien vous remercier pour m'avoir tirée des griffes de ce monstre en usant de mes talents de mage blanche. Je pense être en mesure de la remettre sur pied en faisant passer quelques rayons de lune à travers ses blessures.

Elle allait redevenir dame blanche dans une demi-heure.

Demetrius releva la tête.

Je vous en serais éternellement reconnaissant si vous y parveniez, mes grands pouvoirs d'ange déchu n'ont rien pu pour elle mais après tout, je ne suis pas un être du Bien, peut-être est-ce pour cela que mes pouvoirs de guérison sont peu efficaces. Nous ne perdons rien l'un comme l'autre à ce que vous m'accompagniez...Vos affaires sont sèches. Je vous laisse vous rhabiller et vous attend un peu plus loin.

Demetrius se leva et après avoir adressé un sourire qui en disait long à la dame blanche, il s'éloigna du rocher plat.

Elle se leva, et se rhabilla. Puis, elle rejoind Demetrius:

Si tout va bien, je ne devrais pas avoir trop de problème. Allons-y, je vous suis.

Ce n'étais pas le premier cas de créature brûlée ou au bord du trépas que Céladar traiterais, la dame blanche avais confiance en elle.

[Suite dans les Montagnes Noires]

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