Un duo singulier [terminé]

Demetrius avait rejoint la dame blanche et tous deux s'étaient éloignés de quelques kilomètres de la maison, l'aura des jumelles donnait un mal de tête terrible au déchu.

Nous pouvons stopper notre course.

Il mit une main sur son crâne et se laissa tomber sur un rocher.

Maudites...Elles m'ont presque explosé le cerveau...

Même s'il touchait son front, le visage de Demetrius n'affichait aucune douleur physique. Il releva les yeux vers Céladar.

Au moins cela prouve que les bons fantômes sont plus fréquentables que les mauvais...Enfin, ces jumelles n'ont rien demandé, c'est leur assassin le vrai bourreau, d'avoir créé de pareilles choses. Tiens, ce serait une idée de bonne action cela, m'occuper de ce triste sire....Mais je suis certain qu'il s'est déjà donné la mort à la suite d'hallucinations que les jumelles ont dû lui donner...

Demetrius retira la main de son front et regarda Celadar du suaire au visage. Il approcha sa main pour essayer de la toucher mais se ravisa.

Excusez moi, c'était maladroit de ma part...

Céladar le vit approcher sa main, puis la reculer.

Vous n'avez pas à vous excuser, j'ai l'habitude de ce genre de réaction. De toute façons, si vous aviez continué, vous n'auriez rien fait de plus que me traverser comme si je n'existait pas. Et puis, c'est en traversant les parties endolories des gens que je parvient à les soigner.

Elle avança sa main droite vers le front de Demetrius et laissa la laissa passer à travers:

N'ayez pas peur, les rayons de lunes prisonnier dans l'hectoplasme qui me constitue devraient atténuer votre douleur.

Elle retira doucement son bras :

Allez-vous mieux ?

Oui, je vous remercie...

Demetrius avait prononcé ces mots avec peine, il n'avait pas pour habitude de remercier qui que ce soit surtout quelqu'un qui faisait le Bien et surtout en avait la lubie. Il essaya d'attrapper un pan de la robe de Céladar, c'était vrai, il la traversait...Il n'aimerait pas être un revenant, de ça il était certain.

Je pense que plus rien ne me retient dans cette forêt...Et vous, que comptez vous faire à présent ?

Il était difficile pour Céladar de répondre à cette question, elle l'ignorait également.

Moi-même, je n'en sais rien. Mon existence n'a presque aucun sens. Je erre dès la tombée de la nuit ne cherchant qu'à aider les mortels et créatures en peine et au petit matin, je regagne ma tombe.

Elle se rapella ensuite du moment où Demetrius l'avait sauvé de l'emprise des jumelle, il ne devait pas être aussi mauvais qu'il en avait l'air. Le fantôme en vint à penser qu'il n'avait peut-être pas choisi lui-même ce mode de vie.

Au fait, je tenais à vous remercier pour m'avoir libérée des mauvais esprits de tout à l'heure. Je sais que vous n'y étiez absolument pas obligé et que vous auriez pu les laisser détruire mon âme, la seule chose qu'il me reste encore.

Demetrius se leva et sourit légèrement au fantôme.

Il n'est pas dans mon habitude d'abandonner les personnes qui ont accepté ma présence et ne m'ont pas rejeté, et ce, qu'elles fassent le Bien ou le Mal...Mais sachez que je ne suis pas un véritable démon...J'aime à dire que mon camp est celui des ténèbres, autrement dit, je suis un enfant de la nuit et j'agis comme tel...La seule chose qui me pousse à faire le mal, c'est le besoin que ce cher Azazel a en âmes, il faut que je lui en procure sinon je perdrais de mes capacités et je ne le veux aucunement. Et j'avoue être légèrement sadique...

Il fit un clin d'oeil à Céladar.

Je fus en tous cas ravi de faire votre connaissance.

En fait, Céladar lui rappelait Nadesia par certains côtés mais une Nadesia beaucoup plus pure, cela allait de soi, tout comme une autre chose, c'est que les âmes sombres sont attirés généralement physiquement par les pures...

Je vais vous offrir une dernière chose avant de partir.

Demetrius souffla sur sa paume et des étincelles argentées tombèrent sur Céladar. Demetrius l'enlaça doucement. Elle était matérielle !! Il l'avait rendue matérielle. Il lui murmura.

Ce sort ne va durer qu'un seul jour, Céladar...Profitez en...

Il se détacha de la jeune femme et lui donna une de ses plumes avant de partir.

Cachez la dans vos cheveux et si jamais un jour, vous vous sentez vraiment seule ou êtes en danger, appelez moi en pensées.

Il effleura une dernière fois ses cheveux avant de se retourner pour s'en aller.

Elle avança la main et... toucha la plume. C'était merveilleux, elle ne la traversait pas, tout comme elle n'avait pas traversé Demetrius ! Elle avait oublié à quel point le toucher pouvait être une sensation agréable, sur le moment ça lui parut étrange, car ça faisait plus de 7 siècle qu'elle ne l'avait pas connue. Elle glissa la plume dans ses cheveux.

Merci beaucoup, en me permettant de redevenir matérielle, vous venez de m'offrir la plus belle journée depuis ma mort. Je ne l'oublierais pas. Si l'envie vous prends un jour de venir me rendre visite au cimetière à la tombée de la nuit, que vous ayez un problème ou juste l'envie de me parler, n'hésitez pas. Vous serez toujours le bienvenu, Demetrius.

Elle lui sourit et... fit deux pas. C'était là aussi la première fois depuis 700 ans qu'elle marchait, se réhabituer à mettre un pied devant l'autre n'avait rien de facile. Mais elle tiendrait le coup, elle ne laisserait pas cette difficulté lui gâcher cette merveilleuse journée. Céladar lui fit un dernier signe de main et leurs routes se séparèrent.

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